Point zéro
Paris - CAPITALES #0
CAPITALES est une aventure en 3 étapes, répétées 28 fois.
Étape 1 // Passer une semaine dans chaque capitale d'Europe.
Étape 2 // Écrire une histoire avec chaque ville en toile de fond.
Étape 3 // Créer une forme artistique pour la raconter.
Minutes de danse à Paris
D'après le protocole chorégraphique de Nadia Vadori-Gauthier
Paname ah
Première danse dans les rues de Paris
Villa Lamarre, une voie privée, pavée, improbable.
12ème arrondissement
18h31 - 20 octobre 2024
Tirer des leçons plutôt que la couverture
À l'occasion de la 30ème commémoration du génocide des Tutsi une exposition réalisée par le Mémorial de la Shoah et l'association Ibuka.
En fond, le "Mur des justes" de France qui ont sauvé des juifs pendant la seconde guerre mondiale.
Allées des justes parmi les nations - 4ème arrondissement
17h38 - 22 octobre 2024
Rayon sauvage
Rue de l'hôtel de ville - 4ème arrondissement
17h46 - 24 octobre 2024
Fatigue = double menton
Dans la ligne 1 du métro, entre le château de Vincennes et St Paul.
08h07 - 26 octobre 2024
Lights
Trônant, brillante, dans le fond du champ, le colonne de Juillet (52m de haut) sur la Place De La Bastille. Paris dédiée à la mémoire de la révolution de 1830, édifiée en l'honneur des combattants morts lors des Trois Glorieuses. Les restes des martyrs tombés pendant les combats ont été inhumés dessous et mélangés à des momies rapportées de la campagne d'Égypte par Napoléon. Ont été ajouté plus tard les martyrs de la Révolution de 1848. Une crypte au mélange curieux.
Au sommet, le Génie de la Liberté, ange porteur de lumière.
Avec Mélissa Martinez, entrée/sortie de métro Bastille
20h19 - 27 octobre 2024
Fantôme
Cité internationale des arts
Rue Geoffroy L'asnier - 4ème arrondissement
08h32 - 29 octobre 2024
Entre le plafond et le plafond
Dans le studio que j'ai loué, rue de la liberté.
12ème arrondissement
22h27 - 31 octobre 2024
Cage à poule
Fluides, eau, éponge et cellules bougent dans un espace minuscule (plus petit que ma chambre dans ma maison) mais le corps est une grande surface.
20h33 - 21 octobre 2024
Petits os, plats ou longs
Rue du midi, le long du mur de l'église Notre-Dame.
Vincennes
12 arrondissement
18h44 - 23 octobre 2024
Avoir mon petit secret
Terminus métro ligne 1 - 12ème arrondissement
18h51 - 25 octobre 2024
Alliance
Dans les vestiges du passage des jeux olympiques.
Avec Mélissa Martinez, place de la Bastille
20h12 - 27 octobre 2024
Remparts
Le château de Vincennes est une forteresse située dans la banlieue est de Paris, dont la construction a duré du XIVe au XVIIe siècle. Le plus grand château fort royal subsistant en France et, du fait de la hauteur de son donjon, une des plus hautes forteresses de plaine d'Europe.
Le château de Vincennes est le siège du service historique de la Défense.
17h55 - 28 octobre 2024
D'or et d'intempestif
Devant une fresque de Lara Plowright.
Rue Robert Houdin, 20ème arrondissement
18h51 - 30 octobre 2024
Vous entendez la p'tite musique ?
Avenue de Vorges
12ème arrondissement
7h59 - 1er Novembre 2024
Vers une Europe poétique
Extraits des premiers écrits du chapitre parisien
Point zéro. Point de repères sur une carte blanche de traversées. Sans habitude encore. Point de départ, de non retour.
Point zéro. Cellules et membranes virginales. Secousse des mollécules primales. Bouger et faire bouger pour re-partir du chiffre qui n'est qu'un oeuf. À nouveau donc. Pleine de vide.
Point zéro. Forme foetale de l'âme, rétrécie comme après un passage en machine, pour mieux s'expandre dans le monde. Bien avant les aubes du voeu d'un enfant.
Point zéro. C'est encore le crépuscule. La lumière pointe les horizons de béton. Le soleil farde le plus haut des monuments. Je suis seule à le voir. Haut, très haut.
Point zéro. Où tout semble possible. Où il existe un autre point de vue. C'est capital d'avoir d'autres points de référence. Pour changer le monde, peut-être, un peu. Vital de s'investir d'une autre puissance. Celle de l'avancée, du pas. Je suis marchante. Mes pieds volent, je suis déjà partie.
Extrait de "Point zéro" - 21 octobre 2024
Dans les rues sombres du soir, j'ai pris mes repères. Pourtant dans la clarté du petit matin je me perds. Par choix. Je pousse la porte de l'animisme oublié. J'ouvre un livre : Comment la terre s'est tue – Pour une écologie des sens. "Sapere aude – Ose te servir de ton propre entendement".
Oser, goûter à, pousser d'autres portes donc. Que fait-on de nos corps ensorcelés ? Que partageons-nous de nos intimes ?
L'empreinte huileuse des mains empilées sur la même forme, les haleines mal réveillées, la pression sociale et la ponctualité, les autres, la vitesse qui ne laisse plus sa place juste à la lenteur.
Il y a cette jeune femme en face de moi qui ajoute à son visage papier-peint une touche de trop de rouge sur ses lèvres. Elle est là, en face de moi. Je peux la regarder mais je ne peux pas la voir. Elle ne me capte même pas.
La proximité nous éloigne. Tout ça nous éloigne. Tout ce fard bien rôdé de l'organisme. Cette organisation timée, tirée à quatre épingles. Plus de place non plus pour les animaux que nous sommes.
Extrait de "Sapere aude" - 22 octobre 2024
Parfois, tu luttes contre tous tes états. Celui de l'intérieur, celui de l'extérieur. Contre ton monde intime, contre le monde entier. Tu vis des processus épineux comme dans la colonne vertébrale. Pique en dedans, pique au dehors. Tu voudrais repartir au lit mais ce n'est pas prévu dans ton emploi du temps. Tu rêves de campagne mais tu es en ville et la notion du temps diffère. Le temps c'est du temps, il coûte cher. Tu dois slalomer alors que tu traînes tes pieds. Tu n'as plus la force du masque, même ta moelle fait la gueule. Tu luttes contre ta propre lutte.
Parfois, tu remportes ton propre combat sale. Il suffit d'une étincelle dans un regard ouvert en creux, d'une connection magique dont tu es le témoin, celui de l'autre et ton propre témoin. Tu parviens à repérer sur la carte les cadeaux que t'offre ce jour. Même si cette histoire semble aller trop vite, tu finis par épouser la foule que tu ne voulais pas pour compagne. Grâce à ta force insoupçonnée, multidirectionnelle, cachée sous ton tonus où vibrent des lumières dont tu n'as pas idée, tu gagnes.
Lutter contre sa lutte - 23 octobre 2024
Paris, parle par les pores.
Paris, se parcourt de part en part.
Paris, perdue pardi.
Paris, Parvati.
Paris, pleine de parias en parkas dans tes parcs en cartons.
Paris, parjure.
Ta tour Eiffel perfore le ciel sans consentement avec son gland d'acier à quatre pattes.
Paris, parade de pigeons paramilitaires.
Paris, paritaire peut-être, mais qu'est-ce que ça signifie ?
Paris, pare-feu de toutes les cathédrales sauf de Notre-Dame.
Paris, tu ne partiras pas.
Paris, pardon mais tu n'es pas rasée.
Paris, parée de parfum paradoxal.
Paris, un Paris-Brest est-il meilleur à Brest ou ici ?
Paris, filante comme une parade, passante comme une étoile.
Paris, tes apparâts font pâlir.
Extrait de "Pariez pour nous" - 24 Octobre 2024 (20h24)
J'entends des voix d'outre-monde me sortir par les rêves. Est-ce parce-que je dors trop près du plafond ? Que les élucabrations rebondissent dessus pour me revenir en plein cerveau ?
Tous ces peuples empêchent le sommeil, me donnent la fièvre. Il y a trop d'images dedans.
On est à Paname chérie, il y a de la place pour tout. Pour des solitudes et des peurs de l'autre. De l'attente surexcitante et des fuites angoissantes. Des nouveautés incompréhensibles. Des silences et des lumières qui ne fonctionnent pas. Des triplés qui se ressemblent mal. Celle qui a été une amie avant devenue fantôme à présent. Une blonde en amazone sur son scooter qui fait une pause. Je la vois derrière une porte vitrée. Des enfants géants. Des petits garçons avec des sexes d'adultes qui s'amusent à tirer sur la peau de leurs queues, c'est gênant. Des coupures nettes pour ne plus rien voir, rien entendre, changer d'histoire. Des accusations perverses. Une voiture qui ne démarre plus...
Extrait de "So long Louise" - 25 octobre 2024
J'utilise le "je" mais ce n'est pas de moi dont il s'agit. J'écris, mais ce n'est pas moi qui écrit, c'est ce qui me traverse. Et go. Et bam contre la membrane, et bam contre la paroi. Un grand go pour citer la cité, hisser les drapeaux et la grand voile en simultané sur un vaisseau pirate. Ceci n'est pas une marche, ceci n'est pas une course, un galop. Ceci est un pronom démonstratif et une ascension, à mains nues, vulnérable et puissante. Quelque chose souffle à deux heures du matin au coeur de ville. Nnnnnn'ouuuuubliiiiiiie paaaaaaaas tooooooooon ennnnnnnnfaaaaaaaaant. N'a-ban-don-ne pas ton en-fant du deux-dans. Celui qui se marre, et qui pleure, et qui crie, et qui roulade, et qui imite, et qui veut, et qui s'émerveille, et qui s'endort, et qui joue, et qui mange tout, en une fraction de millième de seconde. Je ne m'accomoderais pas de la réalité qui nous pousse à pousser, à extraire des parts de soi pour les laisser au rebus, les planquer dans le grenier, nous force à dissocier les âges qui nous composent.
Extrait de "Ne pas s'accommoder de la réalité" - 26 octobre 2024
Vivre un jour off à Paris diffère en tous points de la saveur d'un dimanche dans le trou du cul de la France. Cela s'apparente à se métamorphoser en lion dans sa cage, en prisonnier dans sa cellule, en bonne dans sa chambre, en baleine dans un bocal. Un pas pour cuisiner, juste avoir à plier tes jambes pour s'asseoir et manger l'assiette sur tes genoux parce-que ce qui sert de table est devenu l'équivalent d'un vide-poche, d'un placard de la honte. Une enjambée pour aller pisser et la douche, à bout de bras de toi, c'est aussi la machine à laver.
Mais tu relativises, tu as quand même le droit à tout cela.
Profiter d'un jour off à Paris peut rimer, bien sûr, avec prendre l'air, ou plutôt, un bon bol de pollution. De ceux qui déposent un voile sur l'image et qui te coûtera quand même quelques tunes. Le métro, les verres que tu vas boire dont tu pèses le prix à chaque gorgée. Six balles le demi à Bastille – bien sûr elle est meilleure que partout ailleurs - et on te fera l'économie d'un sourire parce-que la fidélisation de la clientèle dans une capitale, on s'en tape. Du coup, tu choisis la binouse au plus haut en degré histoire de la sentir passer. Et puis avant de rentrer, tu vides le fond de ton porte-monnaie dans la main d'une personne qui connait mieux la manche que son propre pull parce-que quelque part tu as hontes d'avoir droit à tout cela.
Bilan d'un jour off à Paris : la misère a son genre mais jamais de sexe.
Carnet de déboire - 27 octobre 2024
Le coup de baguette sur ce moment de vie c'est que tu deviens tout autre.
Bas les masques, ils tombent comme des mouches en hiver.
Tu deviens autre.
Je vois ton âme autour de toi, la douceur que tu planques.
Tu n'es plus du tout la même personne quand tu actives ton body. Tu deviens quelqu'un d'autre qui rayonne.
Tant de beauté dans ce corps qui a si peur, c'est palpable. La peur et la beauté. Je le vois, je le sens, tu es caché derrière ta grande gueule.
Tu devras tôt ou tard sortir de ta niche. C'est pratique une niche, un endroit abrité avec tes potes qui parlent le même langage mais avoir des potes et un toit, ça ne fait pas tout. Il n'y a que toi pour vidanger le trop plein de pensées.
Que toi et l'amour pour dépenser cette masse qui en a besoin. Change de camp, c'est pour ton bien.
Métabolisation automatique - 28 octobre 2024
Sans état de renverse, ni absorption d'une quelconque substance, je vois des points brillants quand l'eau coule. Un message reçu comme en avance sur la vie, une information de je ne sais où. Ce matin, des étoiles autour de ma tête, identiques aux lucioles portugaises. Sans la forêt, sans les amis autour, juste moi et l'eau et le savon. Je mène la danse à chaque heure mais pas que. Pas que moi. Sans aucun doute, l'armée céleste qui m'accompagne y est pour beaucoup. Mais il faut y mettre du sien pour incarner la magie. C'est difficile d'en parler sans preuve tangible même si les états de corps en disent long.
Les mots s'inscrivent au fil des pages dans un certain contexte. Je ne veux et ne peux pas tout expliquer. Je pense autant à Paul Watson qu'à la neige de poisson au pied de l'arbre de la place Baudoyer, à une heure où l'esprit en divague reprenait le chemin de la maison.
Tout semble limpide, subtil. Surréaliste certain.e.s diraient.
Extrait de "Snow motion" - 29 octobre 2024
C'est le bordel à Belleville. Du bar à la boutique, il y a des bêtes partout. Des monstres bizarres qui s'imposent en barricades et me font basculer vers l'obscur.
À la veille de fête des morts, rien d'étonnant. Dans cet endre-deux, la béance d'entre les deux mondes ouvre encore plus grand sa bouche. Le bestiaire beugle, rebondit, se bouscule de bord à bord. Son bavardage bruyant m'obsède, bute contre mes bulbes oculaires qui se révulsent. Les bribes perçues bouffent ma caboche.
J'aurais dû m'en douter. Il faut se protéger quand on passe par les chemins de traverse...
C'est complètement barré mais loin d'être abstrait ; ça brise les bordures du réel et oblige à braver les parts d'ombre. La braise, les bavures, les breloques, les désirs brûlants, les bascules, la bravoure, les boucliers, ce qui a été bafoué, battu, tabassé, les bourrasques blanches, les blessures oubliées, les balbutiements de beauté...
Extrait de "Bascule vers l'obscur" - 30 octobre 2024
Une production du Collectif Solitaire
Conception artistique, écriture, danse, vidéo, photo // Marion Claux
Production & administration // Anne-Laure Garric & ACROCS Productions